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mercredi, janvier 19, 2011

Ouidah








Chers Camille et Nicolas
Les voies du souvenir c'est pour vous que je me dois de les faire puisque votre autre grand mère n'est plus là , déjà.
Ce sont ces voies là aussi peu honorables soient-elles qui vous ont mené jusqu'à moi
aussi en votre nom j'ai fait le pèlerinage de Ouidah. Je ne sais pas si votre Papa vous a déjà raconter la traite négrière et la douloureuse histoire qu'une partie de vos aïeux a écrit de son sang et payé de sa chair entre le 15ème et le 19ème siècle . Il y avait alors beaucoup de petits royaumes en afrique noire mais l'histoire se passe principalement au Bénin et au Togo . Les rois des différentes tribus s'affrontaient souvent et faisaient des prisonniers de guerre . Est ce que vous pouvez concevoir que certains d'entre eux se sont mis à vendre ces prisonniers qui étaient leurs frères pourtant à des blancs , ou à les échanger contre des fusils, de la poudre à canon ou même des pacotilles , des verroteries, des tissus ,du tabac , de "l'eau de vie " . Quelques coraux suffisaient pour emmener un enfant . Quand il n'y avait pas assez de captifs eh bien tant pis, le roi se mettait à vendre les gens les plus valides, les plus forts , les plus beaux du royaume pour amasser plus de biens.Les chasseurs d'esclaves savaient rattraper ceux qui tentaient de s'enfuir. C'est arrivé à des millions de Noirs sur 4 siècles. Est ce que c'est imaginable ça ? des gens qui achètent des gens pour quasiment rien , qui les arrachent à leur pays, à leurs village, à leurs familles, à leurs parents et les embraquent sans qu'ils sachent ni pour où ni pourquoi . Mais ils savaient comment . Car d'abord on les descendait dans un port d'embarquement du Bénin (où il y avait une douzaine de marchés où l'on pouvait se procurer ou vendre les esclaves) ou du Togo ( où il y en avait 5) ou du Nigéria où il y en avait 4) ou encore de la côte d'Ivoire où il y en avait aussi 2). C'était surtout des gens de la côte ouest africaine appelée d'ailleurs Côte de l'or et des esclaves " qui étaient embarqués mais les ports étaient aussi alimentés en "marchandise" depuis certaines régions de l'intérieur .Les pistes commençaient autour des lieux de guerre ou de razzias . Les futurs esclaves étaient enchaînés et acheminés en passant par des forêts pour qu'ils puissent se nourrir de fruits sauvages et aussi pour qu'ils ne puissent pas se repérer . Il leur était difficile de se mouvoir à cause des lourdes chaînes et si ils fléchissaient,bien sûr ils étaient battus comme plâtre par les gardiens cruels.Les cadavres, on les laissaient sur place en pâture aux vautours. Vous imaginez les seaux de larmes versés sur ces chemins et la souffrance physique mais plus encore morale qui les accompagnaient. Ce commerce odieux était pompeusement connu sous le nom de " commerce du bois d'ébène". Dans ces ports ils étaient exposés sur une grande place du marché où les marchands , les négriers, Français , Anglais , Portuguais , Brésiliens, Danois et Hollandais qui recherchaient tous de la main d'oeuvre gratuite pour faire prospérer les terres de leur colonies nouvelles, les attendaient pour acheter aux enchères ceux qui n'étaient pas morts de faim ou de fatigue en route . A Ouidah cette place est aujourd'hui la place Chacha (du nom d'un horrible négrier brésilien Francisco Felix de Souza connu sous le nom de Chacha , nommé par un roi noir vice roi de Ouidha . Il eut 63 enfants légitimes ! la famille a toujours une énorme barraque dans la ville) . Ils les examinaient comme du bétail . L'homme noir n'était pas considéré comme un humain par ces acheteurs mais comme un objet. Alors vous pensez bien que les femmes ou les enfants ne comptaient pour presque rien .. D'ailleurs on arrachait les bébés des bras de leur mères pour les donner à qui voulait. Les esclaves étaient enchaînés . De nuit ils étaient conduits dans des "entrepôts", des lieux sombres , de misérables cellules basses dans lesquels ils étaient maintenus accroupis dans le noir et soumis à des sévices corporels dégradants . Si ils se rebellaient on leur mettait des attelles dans la bouche . C'est là que le négriers les marquaient au fer rouge ( brûlant donc ) à l'insigne de leur nouveau maître ou de leur destination peut-être. Ensuite on leur faisait faire plusieurs fois le tour de l'arbre de l'oubli ( 9 fois pour les hommes, 7 fois pour les femmes) de façon a ce qu'ils oublient jusqu'à leur nom, leur origine , leur passé . On appelait ça le procédé de "Zombisation". Ceux qui étaient faibles ou malades ou qui ne tenaient pas le choc devant ces traitements barbares on les tuait ou pas et on les balançait à demi morts ou morts dans une fosse commune. Pas de sépultures. Rien. Les esclaves étaient traités moins bien que les chiens .On leur faisait faire aussi le tour d'un autre arbre qu'on appelait l'arbre du retour et qui était l'arbre vers lequel leur fantôme reviendrait après leur mort , seule espérance pour eux de retour aux pays !!!! Imaginez
Quand l'esclavage a été aboli quelques uns de ces malheureux ont choisi de revenir mais nous n'en sommes pas là. Pour le moment ils sont emmenés marqués au fer rouge à l'embarcadère , sur la belle plage d'Ouidah par ex . Une plage si belle , si blonde si douce , qu'on a peine à croire que plus d'un million de Noirs ont été déportés de là . La porte du non retour nous le rappelle aujourd'hui . Ensuite ils seraient entassés accroupis dans des cales pour de bien longs voyages dans des conditions pestilentielles . Ceux qui oseraient dire quelques choses seraient tout simplement balancés à la mer , donnés à bouffer aux requins , aux crocodiles .... Ceux qui débarqueraient de l'autre côté garderaient profondément au fond de leur coeur leur religion vaudou et le souvenir des totems laissés derrière eux

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