Un autre bon moyen de rencontrer les gens du pays a été d’aller chez le tailleur de Florence dans son village.
Un petit bonhomme sympathique qui travaille au grand air. Il a comme moi un pied déformé, par la polio sans doute, et il active sa machine avec le rebord de son membre tordu. C’est lui qui m’a fait l’habit caméléon du canapé et qui m’a transformé une robe en tunique sans omettre de me créer un sac avec le bout restant. En passant du temps dans sa boutique, j’ai pu appréhender la vie du village, la radio à tue tête, les enfants non scolarisés, souvent nus, les femmes le bébé sur le dos, les cours des maisons balayées, les toits de paille sur lesquels poussent un plante dégoulinant, les frites grasses au coin du baobab, le soudeur les muscles à l’air, les rires et les quolibets quand j’arrive la démarche peu assurée. Il m’a ajouté des poches intérieures un peu partout pour que l’argent ne me quitte plus. Il a raccourci des pantalons et rallongé des tops. Il a été super. Quand je lui ai demandé combien je lui devais, des voix s’élevaient de toutes parts pour faire monter les enchères. Je lui ai dit : je comprends que ce soit tentant de me faire un prix pour blanc et tu peux suivre leurs conseils ; je comprends, mais moi je sais déjà ce que je te donnerai pour ces 2 heures de travail et c’est peut être plus que ce qu'ils te soufflent de me demander au lieu de me faire le prix local . A toi de choisir. Rougissant il dit : « Je voudrais 500MKW ( 2 euros 50). Ce serait le prix local.
J’ai dit : « C’est ce que je pensais te payer pour une heure donc je te donne 1000MKW pour tes 2 heures de travail. Combien tes amis voulaient –ils que tu me réclames ? – 750 MKW Maam …
Nous nous sentions tous les deux OK. Je ne me sentais pas abusée. Il ne se sentait pas grugé.
Bien sûr j’étais tout ce temps là, entourée d’enfants qui me criaient dessus AGOGO, AGOGO, "grand-mère" dans leur langue, tout en m' imitant et en se passant ma canne.
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