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dimanche, décembre 06, 2009

Mi-Temps


Je suis à la mi temps de mon voyage, celui qui devait s’étaler de mai 2006 à mai 2013.C’est la pause Sri Lanka . Heureusement que le calendrier est flexible car je suis en retard d’une année déjà ! Et arrivée ici si fatiguée que le score semblait nul!
Paradoxalement (pour certains !) ce n’est pas le voyage qui me fatigue , c’est le non voyage , les haltes, les retours . Contrairement au plan initial, il y en a eu beaucoup . En 3 ans j’ai été 10 mois + 7 mois + 6 mois : 23 mois sur 36 en voyage.
C’est dire que 13 mois ont été passés en Europe dont 4 en belle Irlande.
Comment ne pas être à l’écoute d’un enfant qui souffre ? Comment et pourquoi surtout rester à l’autre bout du monde quand une âme choisit d’atterrir dans votre famille à Paris ? Pourquoi ne pas faire à votre vieux père le plaisir d’être présente pour son 90 ème anniversaire ? J'ai des réponses à ces pourquoi.... Et vient la communion de votre petite fille, une nouvelle grossesse, un autre chagrin , une séparation peut-être .
J’ai vite vu que le long voyage , les 7 années d’errance divine , ne saurait se réaliser comme je l’avais envisagé , non pas que ce soit irréaliste , bien au contraire et pour moi qui peut appréhender le résultat global ça reste et de loin la meilleure formule, l’aventure la plus sérieuse, mais parce que les attachements divers, les soucis matériels des uns ou des autres qui ne pourraient me rejoindre rendent le projet irréalisable tel que conçu de prime abord. La loi d'économie - la plus petite dépense d'énergie pour le résultat le meilleur ou pour le bien du plus grand nombre - fait que c'est moi qui rentre. Ça n'empêche pas la quête de demeurer vivace .

Ce voyage, c‘était prendre le temps de vérifier un certain nombre d’enseignements que j’ai donnés moi-même et ça n'a pas pris trop de temps . Dès le bilan de la première année c'était classé . C'était un entraînement à devenir « Bihikkhu », samnyasin , moine bouddhiste si l’on veut en tous les cas partie consciente (relativement !!!) du Tout. C'était se libérer du doute , de la connaissance livresque , voir, croire,trouver une forme de vérité qui soit de première main , qui soit passée par la chair , qui puisse s’afficher spontanément, se rayonner , une liberté de penser par moi-même aussi mais acquérir avant tout un esprit de tolérance et de compréhension. Peut être trouver le Maître qui pourrait m'initier à plus de paix intérieure en me permettant de retrouver mon trousseau de clé . Car même si j'ai la réputation d'avoir un cœur ouvert, certaines chambres sont encore fermées à triple tour, croyez moi, et je veux changer ça !


Ce long, long voyage qui devait être si transformateur , je le voyais comme le voyage de la compassion : une rencontre avec un soi même rendu humble par la difficulté de la route et universel grâce au partage abondant avec tous ces trésors vivants . Quand on croise toutes sortes de gens riches , pauvres, mendiants, jaunes,noirs, blancs , d’opinions si diverses et que l’on sait que toute ces multiplicités des formes ne sont que les facettes d'une humanité une , il est aisé de voir et d’entendre d’une façon nouvelle , d’acquérir le nouveau regard dont Michel et moi parlions tant, la nouvelle oreille. Aller à la rencontre de la vraie VIE , attester d’un monde entier qui respire, aspire, espère , une nature qui respire , inspire( et qui aurait pourtant de quoi désespérer!)et nous rappelle que l'abondance est au programme . Je suis persuadée que nous sommes faits pour être heureux. Je veux le démontrer.
J'ai vu le Pacifique et beaucoup de ses îles ,des Marquises au Japon en passant par les Philippines, l'Australie, la Nouvelle Zélande, la Nouvelle Calédonie , le Vanuatu, les îles Cook, Tahiti , Bora Bora et beaucoup d'autres. J'ai vu l'Asie du Sud Est de près : le Cambodge, le Laos, le Vietnam, le Myanmar, la Thaïlande et ce sont des pays où je retournerai régulièrement avec le sentiment de revenir " à la maison " . J'ai vu le Népal, l'Inde et le Tibet. Je suis au Sri Lanka . Il m'en reste du monde à voir mais je n'ai pas eu un jour, pas un seul jour triste sur cette portion de terre parcourue.

C’est facile pour moi le voyage, la pensée positive, l’énergie qui la suit. Je les vois agir les dralas. Les miracles sont quotidiens . Celui d'être chaque matin en vie , tout d'abord . Je donne et je reçois, je fais une absolue confiance et je vois...qu'on me la rend bien. Quand je peux j'aide ici et là , je fais du bien car quand on est heureux c'est la première chose que nous ayons envie de faire . Partager avec nos jeunes frères. C'est facile .
Mais c'est facile aussi je sais de ne faire que passer. C’est simple de s’en aller dès que quelqu’un ou quelque chose d’autre nous appelle plus loin. C’est bien d’être ce nuage , léger, adapté. Ce sac à dos sur roulettes plein de carambars, de gommes et de crayons papier ! De prendre l’air du temps, la mesure de la misère, la misère de la masure, c’est bien de prendre exemple sur la gaité des gens , sur leur amour de la vie malgré tout ,c’est bien la beauté de ces regards éparpillés , la lumière qui joue dans les saris , les safaris . C’est bon de partager la nourriture à pleine main , de faire ses besoins dehors par moins 20, c’est bien de savoir , c’est bien d’aimer . Ça rend tendre dedans , ça rend un, ça rend proche , ça rend vivant. Mais c'est facile!
Sur la route il y a tant et tant de gens à aimer d’un sourire, d’un regard, d’un serrement de main , d’un pourboire , qu’on n’a même plus le temps de penser ce que serait une vie sans l’amour au quotidien . Je savais que ce serait comme ça , mais sans doute pas à ce point là . L'amour , c’est devenu le pain de chaque jour .C’est sûrement ce qui me plaît le plus sur la route : cet entraînement sans relâche à donner et à recevoir de l’amour , cette non résistance à l’amour qui vous est offert. L'ouverture du cœur qui a le temps de se faire avant que la tête ne s'en mêle . Moi, quitte à le faire exploser, je veux et je vais la démultiplier . Je n'en suis qu'à la mi-temps , n'oublions pas ! Quand j'aurai fini j'espère qu'il n'y aura rien à dire , rien à expliquer , que ça se verra , la différence , c'est tout . En attendant ce qui reste pour moi le plus transformateur c'est : aller dans la vie comme on entre chez ses meilleurs amis , parcourir la terre comme on entrerait en paradis , ressentir et répandre de la joie.
Le voyage c’est aussi forcément l’impermanence . L'impermanence! Pour le taureau stable et fidèle, c'est toujours une bonne leçon à prendre ! Mais aujourd'hui je SAIS d'expérience que oui , la vie c’est avant tout le mouvement. Je l'accepte et je l'accompagne joyeusement . En changeant d’endroits, de gens, je me change.
Pas d’attachements, des partages, des échanges dans l’instant, mais pas de ficelles, de cordes, de cordons, de nœuds , de liens enfermant , pas de dettes, ça offre donc une grande liberté, un belle expérience de la force du détachement , des possibilités nouvelles , des opportunités mais c'est surtout une source d’émerveillement . Rien n’a le temps de se figer . Tout est toujours parfait dans l'instant, vous remarquerez ! Mon but est de devenir bien sûr encore plus libre et plus détachée pour me sentir plus unifiée . Mon but c'est, en voyageant au-dehors, de vivre en réalité plus profondément au-dedans. Anitcha .Divine indifférence face à l'impermanence . Sur la route, je trouve comment aller là .Loin de se sentir indifférent, on voit l’autre avec bonheur comme Un différent. J'en suis là. C'est la vie au présent( au sens de cadeau ). J'aimerais ne pas à avoir cessé aussi régulièrement cette méditation constante et consciente, cet entraînement journalier à refuser les conforts attachants ,
à solariser les liens vampirisant .Mais il me faut pratiquer l'alternance.

Et je rentre . J’arrive sur les ailes de mon élan . C’est bon de revoir le vieux continent . Tous ceux que j’aime tant EVIDEMMENT !
Toutefois vite il me semble que j'ai moins changé que je l'aurais cru et que rien n’a changé pendant ma courte absence ici non plus. Il me semble que je retombe en quelque sorte dans le même panneau . C’est qu’on n’est pas en Australie ou en Asie ici ma bonne amie. On est à Paris ! La résistance … Vous connaissez. La résistance du monde matériel . Je tombe avec les autres dans les schémas répétitifs. Je viens de me régaler des semaines de décoction de gingembre eh bien je re-bois du vin. J’appréciais la délicate cuisine thaï et végétarienne eh bien me voilà entre côtes ! Entre côtes de bœuf et côtes du Roussillon . Incorrigible loi du moindre effort . Plus le tuyau est large , plus l’eau déboule !
Je me croyais devenue incapable de crier sur mes petits enfants ! Pas du tout je me suis entendue....leur hurler dessus !
Ainsi je me rends compte du travail énorme qui reste à faire , de la patience qu’il me faut acquérir, de la compassion qu’il me faut exercer plus universellement, de l'amour que je dois rendre plus inconditionnel , de l’attachement qui reprend ses racines comme s’il avait été rempoté avec soin .
Le voyage en Europe se fait plus terre à terre, plus exigeant , c'est le côté face du voyage,( je ne me la voilerai pas ! ) , avec les attachements au passé qui me noieraient vite et les peurs du futur qui me sauteraient bien à la gorge si je n'étais pas archi vigilante.

Beaucoup croient que le voyage pile doit être difficile, coûteux, éprouvant et c'est le côté face qui l'est. Le voyage exotique, exotérique , croyez moi n'est que libérateur . C’est le présent du présent alors il est forcément léger . Je vis avec un sac moyen et un budget précis qui ne me permet pas de grandes folies mais qui me garantit un lit propre, une nourriture saine, des trains couchettes, des sarongs et des cadeaux à ramener pour les petits .
Et surtout je ne marche pas . Je viens encore de le voir c’est ce qui me coûte le plus à Paris . L’engrenage de la vieillerie , les marches du métro, les côtes vers Montmartre, les sauts de bus en bus , la cavalcade entre les uns et les autres . En voyage où je suis hébergée par des gens motorisés, ou je suis en Asie ou il y a quantité d'engins qui vous épargnent les cent pas, (rickshaw, tuktuk, vélo , moto, taxi) à des prix si raisonnables que hanches et genoux peuvent prendre de vraies vacances.

Voilà ce que je me dis à la mi-temps.
J’accepte ces deux formes de voyages : c’est si plaisant , à mon âge, d’aller à son propre rythme, de prendre enfin le temps de vivre. Mais c'est juste aussi d'être une granny off the road , de voir les filles mûrir et leurs enfants grandir de 6 mois en 6 mois . Que je sois en Europe ou que je sois en Asie jusqu'à présent , une certitude, je ne voyage pas seule . Que ce soit à travers des rêves éveillés ou pas, des songes ou des messages, Michel n'est jamais loin . Il me conseille de poursuivre ce projet, de reprendre un rythme plus assidu . Je cherche la solution qui ne lèse ni n’abandonne personne y compris moi -même !!!
Je devrais être en Afrique depuis mai !
Si Dieu le veut, j’y serai cette année 2010, en passant quelques semaines, en Égypte, en janvier, mais ensuite des promesses faites avec la légèreté des plumes au vent me ramèneront en Thaïlande pour des massages en février , au Laos en mars pour un mariage, en Inde en avril car je n’ai vu ni Bénares, ni Daarjeeling, ni le Sikkim , ni rencontrer encore Maharadji( Prem Rawat). Je les verrai possiblement avant de revenir à Paris début mai accueillir l’enfant nouveau de la tribu ! Avant de poursuivre la découverte de l'Afrique à commencer par celle du Gabon où neveu Julien et nièce Ines vivent avec leurs 3 petits . Si vous avez des "pistes", des adresses sur ce continent là, n'hésitez pas si c'est possible, à les partager ! Merci de tout ce temps que je vous prends ! C'est la mi-temps . Le score est archi positif . On a gagné ! on a gagné !!!

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