Translate

vendredi, juillet 21, 2006

CA Y EST (en français)

Et un beau jour, un dimanche, la date choisie pour le grand départ, celle du 9 juillet est arrivée. C'était aussi le jour de mon 40ème anniversaire de mariage. Et c'était pourquoi j'avais symboliquement choisi de faire ce jour là un pas nouveau vers une nouvelle vie.

Comme j'avais quitté l'Ann Moor et l'Irlande le 16 juin pour venir fêter les 7 ans de Loïs qui dataient de la veille , j'ai eu le temps de dire au revoir à mes parents, à mes frère, soeur et amis.
Mon père qui a tout de même 88 ans me dit que puisqu'il n'en aura que 95 pour mon retour ça devrait aller ! Il sait que si ça n'allait pas : je serais là.

Le 8 au soir Stephane et Yves avaient organisé un joyeux diner d'adieu sur leur terrasse de la rue Gabriel Lamé, diner qui réunissait mes trois filles et mes quatres petits enfants bien sûr, mais aussi des êtres chers comme Charly, Yves, Anne Marie, Chacha, Isild dans la douceur du dernier soir.

Le 9, les filles sont venues toutes les trois me conduire à Roissy et ce n'est pas sans emotion que j'ai pris l'escalier roulant qui ne roulait d'ailleurs pas pour me diriger vers une salle d'embarquement en effervescence puisque le 9 juillet était aussi le jour de la grande finale de la coupe du monde de football .

Paris Franckfort : Sur le conseil d'Emmanuelle je m'étais réservé là une chaise roulante et fort heureusement car l'aéroport est immense et je devais de plus changer d'aérogare. Il fallait voir le brave accompagnateur devaler pentes et couloirs et courir littéralement vers la salle d'embarquement pour que je me retrouve assisie place 46C dans le boeing qui allait me mener d'abord à Singapour puis à Sydney.

L'escale à Singapour fut fort agréable entre jus d'orange fraîchement pressé et accès gratuit à l'internet. Celle de Sydney un peu moins drôle car n'ayant pas de visa pour l'Australie me voilà bloquée pour 10 heures dans une salle d'attente lugubre, en transit avant d'embarquer sur AIRCALIN (quelle douceur dans le nom !) pour les deux heures et demie qui me séparaient encore de Nouméa où je suis arrivée de nuit vers 19h.

Nous étions le 11 juillet déjà et je n'étais pas fâchée d'être accueillie à l'aéroport par la famille Guiader/Harris/Kilcoyne ! au grand complet : Julie la traditionnelle guirlande de fleurs à la main, Sophie plus jolie que jamais du haut de ses 15 ans 3/4 et Laurent portant le jeune Pablo 3 mois, son portrait. Inutile de préciser qu'après le partage d'un succulent diner, le canapé lit a été vite squatté et plus que bienvenu !

Le jour se lève à 6 heures à Nouméa. Il est de coutume ici de se lever avec lui ,aussi n'ai-je pas tardé à aller me dégourdir pieds nus dans la rosée et à admirer la vue qu'offre l'admirable situation de la maison. Le jet lag pendant toute la première semaine m'a réveillée en pleine forme à 3 heures du matin donc le lever n'était pas difficile.

Sans doute certains d'entre vous vous demandez pourquoi je commence ce voyage par la Nouvelle Calédonie.

D'abord je voulais aller le plus loin possible , pour ne plus faire que revenir ! Pour mieux faire j'aurais dû partir de Tahiti (22000kms) mais en Nouvelle-Calédonie (à quelque 20000 kms) je connais quelqu'un de special.

C'est une jeune fille que j'apelle Sophie Soleil. Il y a 15 ans 3/4 , elle est née chez nous, à "La Clé" à Issy les Moulineaux et j'ai aidé à sa naissance aussi ai-je trouvé que ce serait bien que ce soit elle qui à son tour me mette au monde maintenant que je m'en vais aussi nue que possible vers des horizons nouveaux. C'est vrai qu' en écrivant l'histoire de Lou je me suis comme déshabillée de mon passé et que je me sens prête à entamer une vie nouvelle.

A peine arrivée, c'est à dire dès le mercredi, j'ai rencontré Fabrice que je connaissais en Irlande alors qu'il était, deux étés consécutifs, cuisinier à Roundstone . Après avoir sillonné le Tibet, la Chine et travaillé un an en Nouvelle Zélande dans diverses cuisines, voilà qu'il est ici. Inscrit pour 9 mois à l'Ecole des Métiers de la Mer de façon a obtenir le diplôme qui lui permettra de se faire embarquer sur les cargos ou les voiliers avec toute la compétence nécessaire. Le week end il travaille dans un gîte , le mini complex touristique d'une tribu kanaque dans le sud est de l'île. partie avec lui et en stop le 14 , j'ai eu le grand bonheur de découvrir le Grand Sud" et ses terres rouges. Le Sud est de Nouméa n'est pas très developpé et les villages kanaks sont là comme il y a 1000 ans le long de côtes. Dans l'un d'eux Fabrice initie les touristes ou les blancs de la ville venus en week end au Kayak, s'il ne les entraîne pas pour de longues marches dans la brousse le long de sentiers qu'il a défrichés.
A moi la plage de cocotier et le Faré pour un week end de rêve sur une plage du Pacifique comme on les imagine . Grâce au groupe éléctrogène j'avais même de la musique ! Je me suis régalée avec mon jeune compagnon dont je n'ai eu qu'à admirer les innombrables qualités.

Rentrée en bus le lundi matin 17 juillet, je partais dès le lendemain pour une grande équipée vers le nord cette fois, visiter des amis d'amis ; Et en 5 heures cahin-caha me voilà rendue à Poindimié et acceuillie telle une reine dans une belle maison coloniale vieille de 101 ans toute empreinte de dignité. Isabelle et Paulo, les amis de l'amie (Thérèse les Mézo) qui me reçoivent si généreusement sont là en poste d'enseignants depuis près 4 ans maintenant et n'aiment pas penser qu'aussi bien en dec prochain il faudra quitter cette Grande Terre qu'ils ont appris à aimer. Leurs enfants Mathilde 4 ans et Raphaël 2 ans sont vite apprivoisés. La mamy en moi se régale !

Tour de la vallée de la Chamba, picnique au bord de la rivière le mercredi. Paulo expert en botanique m'initie autant que faire se peut et me montre les gousses de vanille sur le vanillers , les orchidées sauvages.

Long tour en brousse le jeudi pour qu'Isabelle chargée de formation aille sur place se rendre compte de ce qui a été fait pour l'implantation de la bibliothèque. Nous accompagnons une merveilleuse Jeanette dont le travail consiste à faire le pont entre les deux civilisations, entre les tribus et l'administration , à obtenir des uns les crédits qui permettront la formation des autres ou les réparations du centre de santé implanté au centre du village. Quelques heures de voiture tout de même sur des pistes délicates au milieu d'une végétation extra ordinaire - pins colonaires, (hauts parfois de 60 mètres!) cocotiers et palmiers divers bien sûr mais aussi fougères géantes, énormes banyans, taros gigantesques, canes à sucre, forêts de niaoulis, chênes, araucarias. Bagayous des vieux. Bananiers, citroniers, orangers, pommiers, paletuviers, pommiers, acacias, manguiers, avocatiers et combien combien d'autres espèces que je ne connais pas.

Nous croisons quelques kanaks à cheval , fusil à l'épaule car la chasse au cerf est ouverte, venant de l'une ou l'autre tribu. Un clan réunit des familles. Une tribu regroupe des clans. Les kanaks vivaient près du rivage, la terre était à tous , plus exactement ils ne possédaient pas la terre : la terre les possédait mais au moment de la colonisation ils ont été repoussés dans les forêts, parqués dans des réserve, utilisés comme une main d'oeuvre gratuite et les missionnaires se sont empressés non seulement de les couvrir mais de leur faire prendre conscience du péché originel et de les transformer pour l'amour de Dieu en catholiques ou en protestants fervents, plantant leur mission au milieu des cases, implantant des écoles. Les colons ayant pris plus de 80% des terres, pour découvrir que le sous sol était riche de nickel en particulier qu'ils ne se privaient pas d'exploiter dès 1865 !
Nos mélanaisiens qui étaient là de touts temps ont vu d'un mauvais oeil naturellement débarquer ces colons, ces colons dont les enfants nés en nouvelle calédonie, les caldoches comme on les appelle encore, se considéraient et agissaient en propriétaires de leurs terres . Le ressentiment n'était que justifié. Toutefois les 45% de kanaks qui habitent toujours sur l'île sont parvenus à maintenir envers et contre tout et tous et leur mode de vie communautaire et leurs traditions tribales. Depuis 1948 ils ont la nationalité française. Un mouvement indépendantiste se mit en place dès 1977 et après les évènements sanglants de 84 et la signature en des accords de Nouméa ils ont récupéré quasiment toutes leurs terres sur lesquelles ils vivent modestement de la culture des cocos, bananas, yams, taros et d'un peu d'élevages. Récemment le développement de gites pour les touristes tentés par l'expérience d'une nuit dans une case en tribu apporte le surplus ! Mais tout ceci vous l'auriez dans n'importe quel guide aussi revenons en à notre piste qui tout au bout, tout en haut, tout au fond nous mène à la tribu de wWanaguette, but de notre escalade et de notre escapade.

C'est le jour du marché, l'après midi de congé pour les femmes (une quarantaine) qui joueront au bingo des heures durant.

La réunion finie, retour dans la vallée (4 heures de route dans l'autre sens) mais je mesure la chance que j'ai de vivre l' expérience avec des êtres d'exception qui mettent toute leur énergie et leur bonne volonté au service de ces populations timides et souriantes qui vous saluent à tout détour du chemin. Nous, les blancs, ils nous appellent les zozos, les zoreilles. Ca vient du temps où les gardes chiourmes tranchaient les oreilles des forçats qui tentaient de s'échapper puisque la Nouvelle Caledonie fut d'abord un pénitencier ! Ou encore du fait que les gardiens avaient toujours l'oreille tendue pour entendre et rapporter le moindre bavardage.

Alors salut les zozos ! les métros ( pour les gens de la métropole!!!) que vous êtes !

Aucun commentaire: