Je ne parvenais pas à partir !
D’anniversaire en anniversaire je retardais mon départ pour l’Afrique
J’avais dans la tête les images d’un voyage difficile
Pas de routes, pas de bus, pas d’aides
Que mes projections étaient à l’inverse de la réalité
Ce fut l’un de mes plus beaux voyages
Sénégal, Mali, Bénin,Togo, Burkina Faso, Gabon, Afrique du Sud, Malawi,Tanzanie, Zanzibar, La Réunion , Maurice, Rodrigues, Madagascar.
Bien sûr je suis loin d’avoir tout vu
Je n’ai même pas vu de lion mais je me suis bien vue et n'est-ce pas après tout le but du voyage que de se rencontrer à chaque détour du chemin ? Je suis comme je crois être et comme l'on croît tel que l'on se pense en son cœur, je n'ai aucune difficulté à cohabiter et à grandir avec moi-même.Cela rend très facile la cohabitation avec les autres,
fut -elle de promiscuité.
Qu'est ce que j'ai appris le plus cette année ? J'ai certainement expérimenté :
L'unicité du Tout, l'Unité, ce après quoi ou vers quoi je cours depuis des décennies. Michel disait qu'il ferait inscrire sur ma pierre tombale : "striving for unity" et c'est vrai que l'approcher est ce qui m'importe le plus dans cet univers où tout va vers l'uni, où tout chante (hormis les hommes pour le moment ) une seule et unique (UN) chanson ( VERS) de reconnaissance.
Une des plus belles expériences que j'ai faite, et c'était au Burkina Faso, a été de me demander sérieusement un soir si j'étais blanche ou noire. Vraiment je ne savais plus. Je réussis à faire, ce jour là au moins, tellement UN avec le cœur de tout que je ne savais plus ma propre différence. Je suppose que c'est une expérience d'identification. Toutes les créatures, toute la nature se sont comme fondues dans un grand chaudron de compassion chauffé par le soleil unique et je ne voyais plus de distinction. Un simple coup d’œil dans une glace m'a, en un rien de temps évidemment, rétablie dans ma qualité d'européenne BOF: blanche, ordinaire, française,
mais n'a pas pour autant changé ce sentiment d'unité, cette vision globale d'un grand ensemble où tous et chacun sont interdépendants et où tout est lié.
J'étais un cœur unique qui bat certes mais en même temps une seule cellule d'un cœur beaucoup plus vaste, celui de toute l'humanité. Une cellule bien heureuse de battre à l'unisson. C'est quelque chose que je savais bien sûr intellectuellement d'autant que la notion du corps énergétique qui relie tous les êtres m'est depuis longtemps familière mais il y a savoir et savoir : le savoir dans la tête et le savoir cellulaire qui vous fait expérimenter l'harmonie intérieure que cette notion sous-entend, approcher la réalité de fraternité qu'elle sous-tend. J'ai vu que nous étions tous liés et que même si ce n'est pas visible l'amour est vraiment le synthétiseur, le "souteneur" de nos formes si diverses, l'aimant, la force de cohésion, la colle qui soutient les mondes de la matière. DERRIÈRE. Les barrières, les étiquettes sont tombées d'elles-mêmes. J'en ai retiré un sentiment de grande sécurité et beaucoup plus de tolérance car si je suis l'autre et s'il est moi à quoi bon se fâcher contre soi-même ?
2° Cette sécurité m'a fait prendre conscience de l'Abondance dans laquelle nous baignons. Car si l'Univers est infini et si nous sommes tous unis il y a forcément, pour tous, tout ce qu'il faut. J'ai été terriblement volée pendant ce voyage : non seulement, en 3 fois, j'ai perdu près de 3000 euros mais encore les dernières semaines, à Madagascar, mon sac de cadeaux s'est perdu entre Tana(narive) et Tama(tave). Et pourtant j'ai vécu dans un tel sentiment d'abondance que j'ai encore pu distribuer plus que ce qui m'a été subtilisé. Pour moi c'est un grand pas de franchi et la réponse à une prière que j'avais faite pour cette année : abolir en moi la peur de manquer, ne plus me laisser rattraper jamais par l'illusion de la pénurie. En tant que cellule d'un grand corps certes je peux envisager que je mérite que mes besoins soient reconnus et satisfaits ne serait-ce que pour assurer le bon fonctionnement des autres cellules. Mais cette nouvelle sécurité m'apportant l'impression d'avoir déjà tout, d'être déjà tout, je peux évidemment plus facilement me mettre au diapason de l'ABONDANCE qui règne forcément dans tout l'Univers. J'ai lu une fois qu'il y a sur cette terre assez de richesses pour que chaque individu, je dis bien chaque individu, ait une maison qui soit l'équivalent de la Maison Blanche. Mais notre mentalité est le plus souvent focalisée sur la pénurie, et en Afrique, c'est une idée plus qu'ancrée, alors comment pourrions nous dans ces conditions manifester de l'abondance si l'énergie suit la pensée comme on le sait ? Je ne cessais de faire la liste de tout ce que je possédais face à ces gens qui pour la plupart n'avaient rien et quand je dis rien, c'est RIEN. Mis à part ce que nous avions en commun : du soleil, de l'air, de l'eau, un sol où s'étendre pour dormir. Et l'Amour. Et Dieu sait si en Afrique j'en ai reçu ! Les gens n'ont rien de ce que nous avons mais ils ont encore beaucoup des choses que nous avons perdues. Leur joie de vivre, même dans les conditions de pauvreté où nous les maintenons, a été pour moi une leçon importante. Nous aurions beaucoup à ré-apprendre.
J'ai vu clairement que tout ce qui m'a été offert dans cette vie ne m'était que prêté de façon temporaire et que si j'étais parvenue à attirer absolument tout ce dont je pouvais avoir besoin pour me réaliser, en réalité bien plus même qu'il ne me fallait, ce devait être pour pouvoir partager et aider les autres à se réaliser aussi. Si ce n'est que prêté temporairement, nous ne pouvons rien posséder... Alors pourquoi s'y attacher ? Ne vaut-il pas mieux remettre consciemment en circulation le plus possible ? Michel faisait souvent cette analogie entre le sang et l'argent : il faut que l'un coule sans entrave dans le corps social comme l'autre coule sans entrave (à part celles que nous créons) dans le corps physique. Le liquide c'est de la lumière déjà densifiée, non ? Donc ça devrait couler de source ; servir à rendre l'amour manifeste. Que nous restera-t-il au bout du compte à part ce que nous aurons donné ? J'ai vu clairement que l'abondance, elle est dedans.
Que pour l'attirer, il suffit d'être RECONNAISSANT.
De ne pas s'y opposer. De ré-examiner nos croyances.
Et que ce serait puéril et sans intérêt de la canaliser pour soi tout seul .
Vraiment je n'ai manqué de rien, jamais, cette année.
J'ai reçu, reçu, reçu plus que je ne pouvais espérer.
Des amis et des amis d'amis m'ont accueillie, nourrie, logée, gâtée. Alors j'ai pu aussi donner de plus en plus. J'ai été très enrichie : j'ai été bien partout à partager la condition humaine.
Voilà pour les deux acquis fondamentaux : le sentiment de l'unicité, la sensation de l'abondance. Un avec tous, riche de nous. Cela aurait du engendrer un grand afflux de liberté. Mais en ce domaine je me suis moins bien débrouillée. C'est que baignée dans cette infinitude j'aurais voulu que le temps aussi soit aboli. J'aurais voulu pouvoir rester. Rester chez Andréas un mois, travailler au Burkina 3 mois, visiter l’Éthiopie, me perdre au Kenya, traîner plus à Zanzibar, mourir à Rodrigues... Mais il y avait toujours un billet, un avion à prendre quelque part, une date limite, une promesse faite... L'an prochain je serai plus attentive à me vivre libre ; ce sera le travail du voyage aux Amériques : transcender le temps qui n'existant pas en soi devrait bien finir par me livrer son infinitude !!!
L'accident de camion à Madagascar à l'aube de la Pentecôte, a été beaucoup plus grave que je ne l'avais perçu au départ. J'en suis encore ébranlée. Quand le temple est démantibulé il faut croire que le corps émotionnel peut en être troublé : je suis rentrée lasse d'avance, me sentant plutôt seule ici, plutôt triste à Paris.
D'avoir passé plusieurs mois sur un continent où les familles vivent encore en clan m'a donné une sorte de nostalgie de la " prochitude"... Et pourtant à mesure que se développe le mental de l'humanité je sais qu'on ne peut avoir le beurre et l'argent du beurre, même en Occident. Solitude mais indépendance, isolement mais autonomie, esprit critique mais discernement... Tout se paye au juste prix.
Lila marche, elle a 14 mois et 2 jours |
Hier soir j'ai regardé la "3". J'ai dû admettre que, oui, j'étais comme Karen Blixen "Out of Africa", un continent qui m'a touchée, une panoplie de peuples que j'ai profondément aimés.
Bientôt, si tout va bien, à nous les Amériques !!!
Voilà c'est à peu près tout ! Comme je dis, mes pétales se défroissent doucement. Je m'en vais aujourd'hui le 22, en Bretagne, chez mes parents ( 02 97 65 73 72 si vous souhaitez m'y joindre sur une ligne fixe ). Imaginez le luxe : avoir à mon âge ses deux parents encore vivants ! Voilà qui est de nature à faire pousser un brin ou deux de compassion sur le sol aride du détachement. Puissiez vous avoir un mois d'août ensoleillé où que vous soyez.
3 commentaires:
L'Afrique, qui nous a fait planer, Meryl, Karen et moi, te renvoie certainement sa lumière, son amour en abondance, par la voix des anges, bien au-dessus des nuages.
Et si tu n'as pas vu de lion, l'Amérique rugit déjà de plaisir à l'idée de ton retour à la Liberté.
Tu avais un cœur à donner en Afrique, une parole, dont nous recevons aussi l'écho.
Affectueusement.
M. R.
P.S. Ceci est peut-être une blague affectueuse.Quoique...
C'est toujours un grand plaisir de te lire, j'aAadore!!
Bisous de nous 2 pour toi...à tous!
Coucou, c'est Yito (la fille de Frederic). Tu pourrais peut-être passer au Maroc nous voir si tu es en Afrique ? <3
P.S: Si tu écris des livres ou des textes, enregistre les sur un DVD par ce que j'ai érit un livre, je ne l'avais pas sauvegardé sur un DVD, je l'ai laissé sur l'ordi. Il a pété, et je n'ai plus de livre alors que j'étais prête à le donner à Marine. Mais c'est pas grave.
Bisouuuuuus !!!!
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