La cité

Au début le Père Pédro a construit des villages en bois. Il s'est rendu compte, après le deuxième incendie, que c'était trop dangereux. Il a peu à peu remplacé les cabanes par des maisons en torchis avec toit de chaume puis au fur et à mesure de ses collectes il a rasé ces villages là aussi pour les remplacer par des maisons en dur, soit en briques soit en parpaings et chaulées. Les maisons sont construites en espaliers de façon à avoir une vue sur le grand Tananarive. 

Ici les nuages sont spectaculaires, ils sont énormes et dessinent un paysage himalayen.

Cela rend le petit nuage fin, en ébauche de cœur du 8 mai, encore plus remarquable.

 C'est tellement bien planifié qu'on se croirait dans une petite ville anglaise super bien entretenue et fleurie au maximum bien que chaque petit jardinet ne fasse pas plus de 60 m². Chacun a trouvé le moyen d'y planter un arbre. Probablement, la nature étant humaine, qu' il y a des maisons moins bien entretenues que d'autres mais comme ils les ont construites eux mêmes, depuis les pierres cassées dans la carrière avoisinante, jusqu'à la fabrication des briques, je crois qu'ils en sont fiers. Entretenir au mieux la cité est aussi un moyen de manifester leur reconnaissance au Père qui leur a offert bien plus qu'un toit en les remettant au travail et en restaurant leur confiance en eux-mêmes.

Cette rue est encore en terre battue mais bientôt elle sera comme toutes les autres pavées  par ses habitants.C'est vraiment de toute beauté, il se dégage de l'ensemble beaucoup de sérénité. Ça vient de ce que l'énergie derrière la forme est très puissante nourrie d'une vision aimante - la ville a été pensée avec le cœur - d'une foi inébranlable en l'homme car le projet était si ambitieux qu'il a dû soulever bien des doutes et susciter bien des ricanements, d'une détermination inébranlable à rendre une vie décente à des êtres laissés pour compte, à leur rendre une dignité d'Homme. Le résultat est si remarquable qu'il vous nourrit d'espoir. Ce n'est pas son moindre mérite.