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mardi, mai 10, 2011

Hiroko

Le 8 mai au soir j'ai appris par Satomi, sa fille,que mon amie japonaise Hiroko était au plus mal. Le cancer allait l'emporter. Dès le 9 au matin je lui écrivais un mail pour lui dire combien je l'aimais et pourquoi (comme s'il y avait des raisons pour ça!), pour lui parler de nos belles discussions,  lui rappeler nos bons  souvenirs. Mais elle est morte ce jour là avant d'avoir pu me lire. Je lui avais adressé ce mail sur sa boite personnelle "madamsaito" et quelle ne fut pas mon émotion quand je trouvai, ce matin, une réponse comme venue d'outre- tombe :


ilove you Anne. iam with you. i go little bit far.but im always with you. see my beautiful face. and iwill smailing to you.from heven.
 Hiroko with love








A ce message était attachée une belle photo d'Hiroko en repos éternel ..Mais j'en avais d'autres plus vivantes. En effet, la nuit du 9 au 10, j'ai ressenti  un impérieux  besoin de trouver quelque chose dans mes bagages. Quoi ? Je n'en avais aucune idée. Mais quand j'ai découvert dans un sac de mon sac une vieille clé USB, j'ai su que c'était cela que je cherchais. Et sur cette clé, j'ai trouvé, au milieu des textes de mes séminaires en anglais, un dossier photos. Et ce dossier était celui  intitulé "Anne et Hiroko". Quel cadeau  de la voir sourire soudain à plein écran.  Elle était si vivante, si gaie, si belle.  C'est l'une des meilleures épouses et mères que j'ai croisées, une amie hors pair, une fine cuisinière mais avant tout  c'était une femme poète, sensible, talentueuse et drôle. Son père était médecin. Il avait été, le matin de la bombe, un des premiers à se rendre sur les lieux du crime de guerre car ils habitaient près d'Hiroshima. Il en mourra d'ailleurs plus tard. Elle même qui devait avoir alors 3 ans se souvenait de la noirceur du champignon ce matin là.  Quand je suis allée au Japon cerisiers en fleurs, c'est elle et son mari Tatsuo qui m'ont hébergée et nous nous sommes régalés de Sake. Fidelma , une amie irlandaise  qui l'avait rencontrée à Galway quand après la mort de Michel , elle est venue avec son mari me rendre visite dans le Connémara  me dit que  sur ces photos prises en 2007 - au temps des cerisiers en fleurs justement - nous nous ressemblons, elle avec ses cheveux roux à l'irlandaise et moi avec mes yeux pliés à la japonaise. C'est sûr que nous étions proches.  J'ai vu Hiroko, un soir à Rounsdtone, dans le Connémara,  monter sur une table dans un pub et danser une gigue parfaite comme si elle n'avait jamais fait que ça. Nous étions tous sous le choc et le charme.
Le lendemain,elle n'en était plus capable, mais après tout, Fidelma, qui sait si elle n'était pas aussi Irlandaise que moi ?  Bon voyage ma belle belle Hiroko et à bientôt,  wherever you go, pour danser encore et encore sur fonds  de sushis et de haïkus... I love YOU.

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