Félix et Lisa

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L’adjudant Félix Auguste Roux, infirmier militaire était arrivé à Tamatave avec femme et fils,le deuxième, car le premier était resté en France élevé par une Tante. La délicate Madame Roux aimait infiniment son mari et se plaisait dans ce pays  fleuri. Ils avaient  perdu une petite fille prénommée Michette à Kayes.  En Mars 1943 elle accoucha, au grand bonheur de Félix,d’une seconde fille : Gisèle. Quelques mois plus tard, l’adjudant  Roux fut déplacé à Fianarantsoa avec sa famille agrandie. Il n’était plus en bonne santé, hélas.  Renvoyé rapidement à l’Hôpital militaire de Tananarive, là où « le petit oiseau des îles » avait vu le jour, il y décédera le jour même des 8 mois de la petite fille.
Gisèle est mon amie depuis que nous nous sommes rencontrées à l’entrée en 3^ème au lycée de Lorient en 58.  Une amie  exemplaire comme il n’en existe pas beaucoup ; Quand je suis arrivée pour vivre à Paris, à 20 ans sans travail, sans logement, sans un sou, dans la seule optique de me rapprocher de mon amoureux, c’est elle qui m’a hébergée au départ chez sa logeuse à Neuilly. J’étais arrivée en fin de mois et, un jour, peu après, elle laissa sur le lit à mon intention une enveloppe qui contenait la MOITIE du salaire mensuel qu’elle venait de recevoir…C’est tout dire. Cet acte de pure générosité m’a marquée à un point que je ne saurais dire et c’est bien grâce à elle que la notion du partage s’est autant ancrée dans ma conscience. J’ai toujours entendu  mon amie, malgache de naissance, parler de Madagascar où elle vécut 32 mois, mère et enfants ayant été rapatriés en France en nov. 1945. A travers les récits nostalgiques de sa maman elle en parlait comme du  paradis qu’en effet ce devait être à l’époque. Je l’ai souvent vue pleurer ce père trop tôt disparu qui lui a cruellement manqué. Je m’étais engagée à aller sur sa tombe au cimetière militaire de l’hôpital  quand, au cours de mon périple, j’arriverais enfin sur la Grande Ile, et c’est ce que je fis hier. Je n’eus pas trop de mal à retrouver l’emplacement car j’avais, grâce aux registres conservés à l’Ambassade, le numéro du lot et il y avait sur place cinq personnes démunies dont le service actif  semble être, contre un billet, d’écumer les allées à la recherche de la dalle souhaitée. La voilà donc, la tombe de l’adjudant Roux, infurimier, mort à Tana, à l’âge de 44 ans... J’ai fait plusieurs photos et je les ai fait parvenir à Gisèle dans l’Oise jointes à un  mail  tardif hier au soir.

Au moment où j’allais fermer le programme Picassa, une photo, isolée, que je ne me souvenais plus d’avoir, s’imposa sur l’écran,sortie de je ne sais quelle manipulation inconsciente, et j’en fus saisie car c’était une photo datant de quelques années de Lisa, fille de Mathieu, fils de Gisèle, donc arrière petite fille de Félix  Auguste Roux …