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samedi, mars 24, 2012

Huguette Fleur

Huguette Fleur est devenue madame Séraphin, son nom de scène  dérivé d’ un des caractères qu’elle a incarné à l’écran . On peut difficilement être avec elle sans se faire remarquée. Tout le monde la connaît et la reconnaît. Martine M Mon amie de St Domingues l’avait rencontrée très brièvement lors d’une exposition de peinture dans la capitale dominicaine et avait eu la gentillesse de me transmettre ses coordonnées . Comme je venais de lire le livre de Denis Ferrière « Tout bouge autour de moi » j’ai donné à Huguette  un rendez-vous tardif à l’hôtel Karibe proche de l’établissement où je suis logée pour cette dernière nuit de ma première visite en Haïti. Comme elle passe quotidiennement en ce moment dans une publicité à la TV elle est plus reconnaissable que jamais que ce soit de la standardiste,, du barman , du serveur et des clients .D’autant qu’elle a aussi déclamé la version haïtienne des «  Monologues du vagin »

Elle fait beaucoup de choses cette Huguette. Elle a tout perdu, tout, tout, tout dans le séisme, ce qui aurait pu être récupéré ayant été pillé .Mais elle n’a rien perdu dit-elle car son fils qui était sous la douche dès qu’il a senti le pommeau trembler a réalisé que c’était un tremblement de terre  et s’est précipité dehors juste avant que le toit de la maison louée ne s’effondre ….Elle est en train de construire une petite maison sur un terrain qu’elle avait plus loin, pièce par pièce. En 2 ans elle en a construit 2 . Mais avec le salaire  qu’elle reçoit des pères Salésiens chez qui elle travaille ( 300 euros mensuels ce qui pour le pays est élevé )  elle a du mal a s’en sortir même si elle y ajoute le peu qu’elle est payée pour ses prestations télévisées , Car Huguette qui anime en direct une petite émission de radio ( « Citoyens pour la vie »  sur Radio-Soleil), qui s’occupe d’un groupe de femmes ,  a  en plus une association et s’occupe de jeunes de la rue issus des bidonvilles et des cités à problèmes Elle en sort une cinquantaine par an en les formant à des métiers manuels ( en ce moment carrelage et charpente ) filles et garçons mêlés mais elle en a 500 qui attendent ! Elle reçoit très peu d’aide d’une association française qui ne lui permet pas de faire plus. Elle a écrit un film sur ces enfants archi –défavorisés et armés qui ,dit-elle, ont si faim et sont si désœuvrés et en colère  que oui ils peuvent tuer pour un repas. Elle a 2 reportages prêts.  Elle cherche un metteur en scène qui viendrait tourner ces courts métrages qui questionnent la société ( avant , pendant et après séisme ) ce qui lui permettrait de frapper à d’autres portes, de recevoir plus d’aide pour agir à plus grande échelle. Elle sait qu’il y a plein d’argent  qui a été dans le monde  donné pour Haïti mais personne ne semble savoir où le chercher et en tous les cas Huguette ne l’a pas trouvé. Alors elle se ronge les sangs pour ses « petits »et bien sûr ses économies potentielles y passent.

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