lundi, août 15, 2011

Voyages

"Le plus grand voyageur n'est pas celui qui a fait 10 fois le tour du monde mais celui qui a fait une seule fois le tour de lui-même ".

Me voilà bien d'accord avec ça.
Moi qui viens de faire le tour de mon cœur à moins que ce ne soit lui qui  ne m'ait fait un tour. Une tachycardie sévère suivie d'un trop long  trouble du rythme ont fait que j'ai été transportée en urgence dans la nuit du 10 au 11 à l'hôpital de Lorient par le SMUR (Service mobile d'urgence et de réanimation). Je dois dire qu'en la circonstance particulière, le tintamarre de pins-pons, le gyrophare dans la nuit noire, le quartier entier réveillé puis l'agitation des acteurs, le déploiement de forces, de moyens, de calmants, de talents m'ont semblé un brin exagérés. Je n'avais fait qu'appeler SOS Médecin pour expliquer ce qui se passait et avoir un avis qui m'éclairerait assez jusqu'au petit matin...Sans doute ma description leur a-t-elle semblé préoccupante...Car je n'aurais jamais imaginé tout ce qui allait suivre et combien je contribuerais en un seul coup de fil mesuré  à mettre  plus en péril encore notre pauvre Sécurité Sociale ! Non pas que j'oublie que pour sauver une vie il se peut qu'il faille dans le quart d'heure, la dextérité et la célérité de 4 pompiers, de 2 infirmiers, de 2 brancardiers, d'un ambulancier, d'un médecin ré-animateur et de son assistant étudiant. Mais pour ma part, j'ai eu sur le moment  l'impression d'avoir été subitement engagée en tant que figurante, en djellaba , sans sous et sans souliers,  pour le tournage d'une série télévisée. D'autant que le médecin en question jeune, blond et beau aurait aisément pu se glisser dans le rôle d'un Brad Pitt !  Bientôt dans un nouveau  rugissement de klaxons nous quittions les prés de Locohin et c'était à se demander si dans ce grand spectacle de sons et de lumières je n'allais pas, à une si  vive allure, passer directement de la civière au cimetière. Mais non ! "Nous sommes à Lanester ". Ah bon ! Bientôt à l'hôpital Bodélio, course de brancard, puis dans la salle des urgences :  une batterie d'anges. Tous pressés : je suis si oppressée.  Radio, électro, perfusions, prises de tension. Au bout de quelques temps, tant d'attentions et de compassion eurent raison de ce malaise cardiaque et pleine de gratitude pour tant de sollicitude, je sortis de l'écran. Le rythme se rétablit.  Et donc, moi aussi . Reconnaissante à la Vie. Ne valait-il pas mieux cette fibrillation auriculaire ici  plutôt que dans la brousse africaine ou le désert de Gobi, plutôt que dans les fins fonds de Mada ou les contreforts de l' Himalaya ?  Maintenant je suis surveillée, piquée le soir, repiquée le matin, observée, plus allégée qu'alanguie depuis que le sang est désépaissi. Je me sens vraiment bien. Je fatigue beaucoup moins.  Je ne sais pas qui ,de mon cœur ou de moi, a sauvé l'autre. En dehors du SMUR.  Mais peu importe ! Nous savons l'un comme l'autre que de toute façon nous finirons la vie ensemble. Qu'elle s'arrêtera à la bonne heure, au bon moment, au bon endroit. Moi j'étais prête  à ce que ce soit ce soir là. Lui apparemment pas !
Et ça, c'est déjà un fameux tour en soi.

2 commentaires:

  1. Bravo Anne !
    En fait le tour en toi d'hier n'était qu'ébauché !
    Quel coup de sang !
    Tous mes bons vœux et bises ! Marc

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  2. En fait il ne s'agissait pas de Thierry ... dans le message précédent. Erreur de proximité avec la Cie du Passeur. Bises de Marc

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