mercredi, mars 31, 2010

S'en aller ...





Car c'est sûr je reviens. La Cité de la Joie a grandi en moi, enfin plutôt, j'ai grandi en elle. La laideur a été aussi créatrice que la beauté. Et je veux revenir , souvent . IL y a tant de travail à faire . J'aurais voulu rester là des mois . Mais le projet de cette semaine était ailleurs . Alors j'ai quitté la cité mais avec dans la poche déjà deux tickets de retour. Je vais y ramener Nadine pour quelques jours . Je suis partie du Bengale oriental toute guillerette prendre un avion pour le Bengale occidental , en route pour une ville mythique, s'il en est, dont j'ai bien souvent rêvée : Darjeeling , " queen of the hills" , là où je devais me trouver pour la pleine lune du bélier.

Plane or train

J'en aurai fait des amis de passage en quelques jours à Calcutta !
D'abord dans la cour les aimables tailleurs auquel je taillais chaque jour la bavette en tenant, ça va de soi, un discours décousu ...
Rajesh et Mowgli les merveilleux garçons des Backpackers Tours (Tottee Lane- 9837177140)qui organisent des tours dans la jungle . Ils ont un jeune frère handicapé mental qui est une pure merveille à observer.


Les garçons du Bengal Travel Service ( 4 Sudder Street):
Azhar, Shakir,Seraj et Meraj (bengal_travel_service4@yahoo.co.in)et le boss : Mohit Gupta avec lesquels j'ai passé des heures à concocter les billets de train et d'avion pour moi et Nadine d'abord , pour moi Emmanuelle et Némo ensuite. Ils ont été formidables.En 3 heures grâce à eux j'ai su où nous allions, quand et comment !!! Et même avec qui.


Et puis mon amie mendiante du premier instant avec laquelle j'ai passé beaucoup de temps après avoir embrassé le premier soir cette main tendue... Je vous la montrerai, si elle veut bien , lorsque je reviendrai.

Ville colorée





Publicités! Appels à la consommation, affiches de cinéma, banderoles , drapeaux couleurs des saris , couleurs de peaux, la ville semble parfois en fête ou en folie. Les bus bondés souvent psychédéliques , les taxis d'un jaune criard, le bleu du tramway et le bruit permanent des klaxons vous feraient croire à une mi carême , à un nouvel an au soleil mais non ! C'est juste le quotidien , un étrange mélange de coutumes ancestrales et de modernité, d'enchantement et de perplexité , d'espoir et de désepérances, d'attirances et de répugnances, d'interrogations et d'exclamations, d'indignations et de réflexions . Bref une ville qui ne laisse pas indifférent et rend l'Un différent.

Dans les rues






Et dans les rues de Calcutta comme j'en faisais le tour en moto j'ai encore vu des hommes-chevaux dont celui-ci qui m'évoqua mon bon ami Philippe, des perruques de cheveux très blancs pour les mamies chauves, de jolis visages et comme s'il n'y avait pas assez de gens j'ai aussi vu des vaches sacrées, des troupeaux de chèvres , des bandes de chiens, reçu beaucoup de sourires , distribué quelques roupies, embrassé des enfants, bu du Sprite, et éprouvé un bonheur intense d'avoir la chance d être tout simplement là fondue dans ce tout magnifique.

mardi, mars 30, 2010

Le village des sculpteurs








Mais rien ne m'a tant plu que le village des sculpteurs : Kumartuli , au nord de la ville. Il y a 2 siècles qu'une colonie de sculpteurs, de père en fils je présume vivent là dans de minuscules ateliers dans un dédale de ruelles. Ils fabriquent les statues des dieux et des déesses hindoues , des statues pour les temples mais aussi pour le gouvernement, des bustes pour les particuliers, des décors . On dirait un grand théâtre en plein air. Ils fabriquent d'abord un modèle en paille, la paille arrivée sur des radeaux et livrée depuis la rivière assez proche d'ailleurs. Sur ce modèle du plâtre ou un autre enduit ,voilà nos formes presque animées. Elles seront ensuite peintes de couleurs vives et parées comme les déesses qu'elle sont, habillées richement et couvertes de pierreries , promenées en cortège . Pour les fêtes de Durga Puja , en octobre , la plus spectaculaire des manifestations religieuses de Calcutta,elles seront même portées jusqu'à la mer et finiront ainsi parées par périr dans les flots ! J'ai adoré me promener dans ces ruelles animées et magiques car on ne sait jamais quelle bande de divinités nous attend au tournant ni quel artiste nous permettra de l'admirer au travail ! Fascinant !

China Town






J'ai aussi vu le quartier chinois , fait de petites maisons basses industrieuses et colorées, beaucoup de bleus , de dédales, de marchandises dans des entrepôts fermés de grilles et puis d'immenses halls à dîner avec de grands parking et des tables pour 20, et des Lee, des Wang et des Singh et de très beaux visages métissés, des étals de légumes magnifiquement arrangés, des boutiques de tongs, de woks et de téléphones : un grouillement rapide, silencieux , efficace.

Architecture






Il y a de superbes immeuble a Kolkatta ( le nom de Calcutta depuis l'an 2000 dérivé du nom du village de pêcheur qu'était Kalikata au bord de sa rivière à 130 kms de l'embouchure , avant la création de la ville en 1690) : de hautes maisons coloniales, de superbes demeures datant du commerce florissant de la Compagnie des Indes orientales. Toutes délabrées, pas entretenues, minées par la mousson et la pollution . Au bord de la rivière on aurait envie de les acquérir toutes ne serait-ce que pour leur rendre une âme . Mais elles sont laissées à l'abandon ou squattées telles qu'elles sans fenêtres et, pendant ce temps là, s'élèvent des
buildings modernes dans le quartier des affaires et de la nouvelle technologie.

Papiers- Chiffons




On voit bien évidemment à longueur de journée des vieillards ou des enfants fouiller les tas d'ordure de la ville avant que les éboueurs ne passent. Ils ramassent les bouteilles de plastique ou de verre et les portent sur le dos dans de grands sac de jute ou de lin . J'avais vu aussi le long du fleuve une collecte de papiers, de journaux remplir des tonnes et des tonnes de camions ... 14 millions de personnes ! Comment gérer les détritus d'une si grande ville , la plus peuplée du continent ? On ne peut qu'admirer sa grande capacité d'adaptation et la grande créativité de ses pauvres habitants -ici beaucoup de réfugiés du Bangladesh essaient aussi de survivre- qui font n'importe quoi pour assurer à leur famille jour après jour un autre plat de riz. A les voir fouiller les poubelles vous déploreriez comme moi le gaspillage qui fait tache dans nos florissants pays occidentaux .

Les "dumps"






On passe devant de beaux échafaudages. On se promène le long d'un canal empli de nénuphars ou de lys d'eau dans lequel les homme pissent en passant. Et il y a beaucoup de camions sur la route. Beaucoup, beaucoup , beaucoup : 200 peut-être qui se suivent. Il est midi. Ils vont au "dumping", à la décharge. Voilà qu'à l'horizon en effet on aperçoit la montagne , car c'en est une : une montagne d'ordures que graviront plus tard des milliers de gens et d'enfants venus traiter les déchets du jour.

The "MOTHER's house



Tiens! Voilà justement la maison de Mère Thérésa dont vous voyez la photo dans bien des restaurants. Tous les "rickshaws men" veulent avoir le privilège de vous y amener. C'est une grande bâtisse où viennent s'enrôler beaucoup de volontaires pour 1 semaine , 3 mois , 6 mois et plus parfois car comme me le disait, avec un fort accent, une jeune mexicaine rencontrée au café des routards, "the blue sky café" où je prends les petits déjeuners :
"J'étais venue pour un mois et je suis là depuis trois mois car, comment partir quand il y a tant et tant de travail avec les vieillards, avec les enfants,
dans les orphelinats, les asiles, les hôpitaux , les bidonvilles ?..." Et bien oui ! Si vous ne savez que faire de vos vacances , n'hésitez pas surtout. Il y a des manques d'amour à combler alentour...

Des bidonvilles bien sûr






Près du fleuve, le long de la voie ferrée, sous les ponts d'autoroute , un peu partout. Des endroits inimaginables où pourtant on pourrait rester. Des cases de 3m² qui ne nous serviraient pas de porcherie et pourtant là un homme accroupi sur son lit qui vous sourit. Une casserole ou une boite de conserve , un petit feu pour chauffer l'eau. Un extrême dénuement et pourtant le plus généreux des sourires. Baisers donnés, baisers rendus. Sceaux d'une inégalité inacceptable qui devrait disparaître. Main dans la main. Bonheur d'un échange humain simplement juste.

Hoogly River




La rivière Hoogly étant un bras du Gange, est évidemment aussi une rivière sacrée . Le dimanche les hommes s'y lavent et s'y baignent, se livrent à des ablutions et à des rituels mais aussi lavent leurs vêtements. Pas de femmes , pas de fillettes en ce dimanche après midi mais des chiens qui barbotent et de fort beaux torses à admirer ! Mais attention pas trop non plus : la déesse bleue veille ! Les crématoriums le long de ce fleuve fonctionnent désormais à l'électricité. Au pied des banians des petits temples colorés. Au milieu du fleuve des pêcheurs de sable. Le sable sera inlassablement déchargé des péniches dans des paniers d'osier qui semblent bien lourds. Sur les bords, des déchargements de roseaux aussi qui, un par un, sont ramenés à la route puis chargés sur des camions. On peut faire un tour en bateau, en barcasse devrai-je dire tant ils sont déglingués mais ca vaut la peine d'y monter pour se rendre compte de cette vie sacrée.