Le lendemain mercredi 2, le poisson d’Avril s’étant une fois de plus échappé , d’abord se rendre à l’Ambassade du Myanmar pour faire une demande du visa qui nous servira dans un mois . Puis prendre le temps de comprendre qui a bien pu se passer ici. Acheter des récits .Visiter les lieux du crime. Le Musée Tuol Sleng, celui de Choeung Ek. Se souvenir .Comme si de loin on avait pu se rendre compte. L’idée avait été de se dégager de la corruption, de créer un homme nouveau débarrassé de toute décadence occidentale, ayant retrouvé les vraies valeurs khmères, vivant heureux en communauté . Plus d’argent, plus de vêtements , plus de famille , plus d’études, plus de livres mais une cantine collective, un uniforme sobre , de la propagande et du travail , du travail, du travail sans le droit de repos . Pour réussir cette société nouvelle il fallait faire un grand nettoyage, supprimer les artistes, les professeurs, les intellectuels et tous ceux qui risqueraient au nom de la liberté individuelle d’entraver le plan . Entre 1975 (début de l’offensive des kmers rouges) et 1979, la folie des hommes ici a fait cesser pour un long temps la vibration des gongs, les rires joyeux, et les enchantements … Pol Pot et sa clique au pouvoir, ce fut l’horreur absolue. Les flots de sang , les camps d’extermination, ceux des travaux forcés, la famine, la maladie et les tortures viendraient à bout de plus de 2 Millions de vies en 4 ans 8 mois 21 jours . 2 Millions de morts sur 6 millions d’habitants ( ils sont aujourd’hui 15) , sacrifiés à une idéologie , donnés en pâtures au manque de conscience, offerts à la haine comme si la vie en soi, même à l’ombre de la sagesse du Bouddha, n’était plus sacrée . Savoir que c’est arrivé il y a à peine 40 ans, qu’en fin du 20ème siècle un autre génocide était encore possible, donne froid dans le dos. Je me demande jusqu’à quel point il ne valait pas mieux mourir que survivre à de telles atrocités. Mais c’est une réaction sentimentale, émotionnelle, une question stupide et le rire des enfants nouveaux est là pour me le dire. Et pour me rappeler que nous ne pouvons pas juger de l’Amour qui gît derrière les évènements même si cruels car nous ne voyions pas quelle prise de conscience cette destruction de formes a permis et permettra au-delà des apparences.
Le lendemain mercredi 2, le poisson d’Avril s’étant une fois de plus échappé , d’abord se rendre à l’Ambassade du Myanmar pour faire une demande du visa qui nous servira dans un mois . Puis prendre le temps de comprendre qui a bien pu se passer ici. Acheter des récits .Visiter les lieux du crime. Le Musée Tuol Sleng, celui de Choeung Ek. Se souvenir .Comme si de loin on avait pu se rendre compte. L’idée avait été de se dégager de la corruption, de créer un homme nouveau débarrassé de toute décadence occidentale, ayant retrouvé les vraies valeurs khmères, vivant heureux en communauté . Plus d’argent, plus de vêtements , plus de famille , plus d’études, plus de livres mais une cantine collective, un uniforme sobre , de la propagande et du travail , du travail, du travail sans le droit de repos . Pour réussir cette société nouvelle il fallait faire un grand nettoyage, supprimer les artistes, les professeurs, les intellectuels et tous ceux qui risqueraient au nom de la liberté individuelle d’entraver le plan . Entre 1975 (début de l’offensive des kmers rouges) et 1979, la folie des hommes ici a fait cesser pour un long temps la vibration des gongs, les rires joyeux, et les enchantements … Pol Pot et sa clique au pouvoir, ce fut l’horreur absolue. Les flots de sang , les camps d’extermination, ceux des travaux forcés, la famine, la maladie et les tortures viendraient à bout de plus de 2 Millions de vies en 4 ans 8 mois 21 jours . 2 Millions de morts sur 6 millions d’habitants ( ils sont aujourd’hui 15) , sacrifiés à une idéologie , donnés en pâtures au manque de conscience, offerts à la haine comme si la vie en soi, même à l’ombre de la sagesse du Bouddha, n’était plus sacrée . Savoir que c’est arrivé il y a à peine 40 ans, qu’en fin du 20ème siècle un autre génocide était encore possible, donne froid dans le dos. Je me demande jusqu’à quel point il ne valait pas mieux mourir que survivre à de telles atrocités. Mais c’est une réaction sentimentale, émotionnelle, une question stupide et le rire des enfants nouveaux est là pour me le dire. Et pour me rappeler que nous ne pouvons pas juger de l’Amour qui gît derrière les évènements même si cruels car nous ne voyions pas quelle prise de conscience cette destruction de formes a permis et permettra au-delà des apparences.
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